Les deux premières DS de Michelin, par le Docteur Danche (avec la complicité du conservatoire Michelin)

En 1955, Michelin est propriétaire de Citroën depuis 20 ans, et aura le privilège d'avoir livraison de deux des toutes premières DS, à savoir:

  • la 19 CZ 63, numéro de série 22, immatriculée au nom de Michelin le 26/11/55
  • la 580 CZ 63, numéro de série 23, immatriculée au nom du directeur de Michelin, Robert Puiseux, le 10/12/55

la 19 CZ 63 est connue avant tout par cette photo incroyable, sans doute le parc des voitures d'essai de Michelin.
La plus récente sur la photo est la 2CV en DB63, début 1956.


Cette DS mérite bien un zoom. Pour moi aucun doute au vu du rendu du noir et blanc, elle est vert printemps, avec l'intérieur des portes Champagne et les roues Rouille.


Trois photos moins connues existent, prises en mouvement.

La troisième et dernière nous réserve une superbe surprise.

Car si on regarde bien le tableau de bord, on n'en reconnaît pas les couleurs habituelles autour du compteur de vitesses: c'est bien plus clair que l'aubergine habituel.

La conclusion est évidente, on est dans le même cas que dans le film "le triporteur", avec le tableau de bord vert (sujet détaillé sur cette page)

 

La deuxième DS de Michelin, la 580 CZ 63, est connue pour ses photos en compagnie de R Puiseux dont c'était la voiture personnelle.

Son coloris est plus sobre mais il me semble qu'on peut affirmer qu'elle est gris rosé/toit bleu turquoise, un exemple similaire ayant déjà été analysé sur cette page.

On connaît surtout cette photo, souvent légendée "R Puiseux et le proto ELV01".

Mais cette autre photo du shooting montre bien, non pas un prototype, mais bien une voiture dûment immatriculée.

[590 Fi 3351 Photo L. Gendre]

Cette photo prise le même jour est moins connue et nous montre un peu mieux quelques détails de l'intérieur.

[590 Fi 3353 Photo L. Gendre]

 

Voici maintenant un extrait des « souvenirs » de Robert Puiseux, écrits en 1968 et où il évoque brièvement son rapport à l’automobile. Il parle avec amour de ses Voisin d’avant-guerre, « voitures de ses rêves », puis de ses Citroën et de ses DS. C’est peu de chose mais son témoignage est émouvant car sans lui la DS n’aurait sans doute jamais existé sous la forme que nous connaissons. Et j'aime beaucoup l'histoire des séminaristes subjugués par une déesse païenne.

Mais Puiseux parle-t-il dans son texte de la verte ou bien de la grise?

Nous avons vu que la verte a été immatriculée un mois avant l'autre.
C'est donc elle la vraie "première née", ou en tout cas la "première immatriculée": elle l'a été avant même la 2 ER 75. Mais c'était sans doute pour réserver le numéro 19, elle n'a pas forcément roulé tout de suite en Novembre!

Et puis le chapitre parle de ses voitures personnelles, et dans ce cas là ce serait la grise.
Ca me semble le plus probable.

 

Mais passons à la suite.

Que sont devenues ces deux voitures?

 

Concernant la 19 CZ 63 (la verte)

On part donc le 26 Novembre 55, c'est la numéro 22.



Le 30 Novembre 1959, Michelin commet l'irréparable: au lieu de mettre cette voiture historique dans un musée privé, le Bib la cède à un certain Michel Sicard, un chauffeur de La Plaine, un quartier de Clermont-ferrand, lequel la cède fin 62 à un acheteur dans l'Yonne.

Je ne diffuse pas ici les coordonnées de ce propriétaire suivant dans l'Yonne car d'après mes infos il est toujours vivant et à la même adresse.

Je cherche quelqu'un qui aimerait aller l'interroger sur cette DS, sachant qu'il ne s'agit pas de rêver de récupérer là-bas dans une grange la plus vieille DS construite: il l'a cédée ensuite à Auxerre automobiles, et on perd ensuite sa trace en 1969.

Mais l'homme a peut être des photos, des souvenirs. Il a peut être su ce qu'Auxerrre automobiles avait fait de la voiture. Il a peut être gardé la trousse à outils ;-) !

Si un local se sent motivé pour continuer l'enquête, qu'il me fasse signe, ça se passe à Migé (Sud de l'Yonne).

Une autre information intéressante, sur cette page, est que cette DS a été immatriculée au milieu de 3 Panhard Dyna Z.

Hasard? Ou bien réservation groupée d'immatriculations Citroën et Panhard?

 

Concernant la 580 CZ 63 (la grise), elle ne quittera jamais le Puy de Dôme, suivant le triste destin de toutes ces premières DS mal fiabilisées, en changeant souvent de mains.

R Puiseux la vend après trois ans de probables galères à Jacques Bourdin, un employé de Michelin.
On est alors fin 1958. Deux ans plus tard, Bourdin la cède à un garage.

Puis Camille Guy, sans profession, la ramène mi 61 à Fonfreyde, commune de Saint Gènes-Champanelle.

Ensuite un an plus tard elle repart de l'autre côté de Clermont, chez Jean Louis Pailleret, carrossier à Gerzat.

Et en 66 c'est la fin du voyage, elle est détruite.

La DS de Puiseux aura tenu 10 ans au pays de Vulcania.

A noter que cette page nous apprend au passage l'adresse de Puiseux à l'époque: 4 cité Chabrol.

C'est là qu'a été photographié le cabriolet 15/6 dont il parlait aussi dans ses mémoires.
J'ai cherché mais je n'ai pas retrouvé la photo.